cité du Souvenir
Photos Carlos Moret
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La Cité du Souvenir est l'oeuvre de l’Abbé Alfred Keller (1894 - 1986). Il fut marqué par son grand père Emile Keller, auteur de la "protestation des députés Alsaciens-Lorrains en 1871.
"En souvenir des morts de la grande Guerre, faire une œuvre de vie, pour qu’à la paix extérieure, s’ajoute, dans la confiance mutuelle, la concorde intérieure ".
Dans les circonstances difficiles d’après guerre, une idée l’habitait : créer un endroit où la masse populaire se sentirait chez elle. Une opportunité inespérée le mit sur la piste du "terrain de la misère". Son projet pouvait prendre corps : procurer un centre d’œuvres sociales à la jeune paroisse saint Dominique.
Une souscription mettait 500F à sa disposition, somme doublée par des subventions gratuites et triplée par un prêt à intérêt réduit.
Le Cardinal Dubois approuve son projet mais il faut trouver 1 million en 1 mois. L’Abbé investit sa fortune personnelle, les pauvres commencent à donner, 80.000 prospectus sont distribués. Les fonds arrivent à la vitesse éclair d’un mois. En 1925, il faut une somme pour " réserver " le terrain, car il est convoité. Le dimanche des Rameaux, le Cardinal prend possession des lieux et l’événement est commenté dans la presse. Une compagnie d’Assurances verse 500.000 francs mais réserve certains logements pour ses employés. Le million est dépassé : 2.000 actions de 500f. .
Inauguration de la Cité du souvenir
Juillet 1925 : la "Cité du Souvenir" est constituée et peut acheter le terrain occupé par 80 habitants qu’il faut déménager après tractations. avec qui il faut négocier. En juillet 1926, un projet de construction est réalisé. En 2 mois un second million est rassemblé : soit maintenant 4.000 actions de 500 F. En novembre 1927, le Cardinal et le maréchal Foch inaugurent les premiers bâtiments de la " Cité du Souvenir ".
Le projet est devenu réalité, les premiers occupants s’installent. Un règlement et un cahier de réclamations sont créés.
Site :
5.200 m2 achetés, 689 vendus pour élargir la rue..... 160 logements construits.... 2.494 m2 de cours
Financement : loi de 1922 : 15% Fonds propres ; 33% subventions.... 52 % prêts par la Caisse des Dépôts...
La Cité rue saint Yves comprend : 160 logements, 2 loges, 150 caves et 48 remises. 7 boutiques et commerces en rez-de-chaussée... Les locaux communs : une salle de réunion, un jardin d’enfants, un préau, une bibliothèque, un service social et une chapelle divisée en trois par des cloisons mobiles.
Il n’y a pas de service paroissial mais une messe est célébrée tous les matins et chacun pouvait témoigner de sa foi devant une population indifférente, voire hostile à la religion. En 1930 est créé un dispensaire. La priorité est donnée aux familles nombreuses car l’Abbé voulait favoriser surtout l’épanouissement des familles. Il était strict sur les conditions d’admission. La Cité eut rapidement 210 appartements et les services ne cessaient de s’adapter.
L’Abbé avait acheté 2.000 m2 rue de la Tombe Issoire, mais il faudra 25 ans pour obtenir la coopération de la SA immobilière du Lion de Belfort qui y tenait une ferme et pour y créer un centre d’œuvres de jeunesse.
Mise en place d’une annexe
L’Abbé Rouan, de Bagnolet, qui réalisait une œuvre sociale de même nature, poussa l’Abbé Keller à mettre en place une annexe de la " Cité du Souvenir ". En 1930 et 1931, il construisit deux immeubles de six étages avec services sociaux annexes et pouvant accueillir 40 familles nombreuses.
Dès 1925, un faisceau de services annexes existait, s’organisait et se développait avec des services nouveaux : consultation des nourrissons, centrale d’achats, aides aux vacances, scoutisme, cours ménagers, société sportive, cours d’anglais, d’allemand, conférences, cinéma, assistance spirituelle... La chapelle est inaugurée en 1928. L’Abbé avait obtenu à Gentilly, un terrain de sport et des jardins pour les pères de familles.
L’Abbé vivait au cœur de la " Cité ", fréquentait et recevait tout le monde. Il avait quinze demandes pour un logement. " Une œuvre de vie où puisse éclore des centaines d’existences d’enfants, espoirs de l’avenir, remplaçants des grands disparus ".
Le dispensaire, les services médicaux
Le jardin d’enfants, le dispensaire, les services médicaux ne tardèrent pas à dépasser les murs de la "cité d’habitations à bon marché " pour s’étendre au quartier dès 1930. Sœur Alix de la Rochechelambert, de Saint Vincent de Paul, dirigeait ces services avec intelligence et une compétence rare, aidée par d’autres sœurs et assistantes sociales. Tous les samedis, consultations gratuites par un médecin de l’hôpital Saint Joseph et attribution de médicaments gratuits également. En 1930, la Cité comprenait 160 familles et 750 enfants. L’activité sociale diversifiée y est surprenante, s’adressant à tous les âges et à tous les cas. Les services étaient au début, accomplis bénévolement comme une véritable vocation, mais progressivement les remplaçantes sont moins motivées et moins assidues, moins disponibles et moins nombreuses. Il fallut alors faire face à de nouvelles exigences administratives en s’adressant au GASS. Nous sommes en 1931, il y a 190 familles et 850 enfants. L’Abbé Keller avait déjà organisé avec génie et humilité, un réseau de solidarité si cohérent et si complet que rien de mieux n’a été inventé depuis.
" Bien qu’à la cité chacun soit libre de ses opinions personnelles, .....je fais tout ce que je peux pour que cette œuvre...... soit un vaste champ d’apostolat. La cité n’est pas une paroisse dans la paroisse, mais une simple cellule qui veut s’insérer dans la vie paroissiale.....Ne cherchez ici ni catéchisme, ni patronage, ni confréries... tout cela existe si bien à Saint Pierre de Montrouge. Il faudrait être petit esprit pour vouloir créer des groupes particuliers ". (Abbé Keller parlant de son œuvre)
" Il y a dans notre population ouvrière des trésors de richesses morales et spirituelles qu’on ne saurait jamais trop estimer et mettre en valeur ", disait-il.
1933 : la cité compte 1.200 habitants dont 800 enfants. L’Académie française décerne un prix pour cette " institution modèle ".
" Les Berceaux du Souvenir " sont créés en 1933 afin de donner un statut juridique dans une fondation charitable dont le fonctionnement excluait toute rentabilité et dont les activités reconnues se structurent.
1934 : ouverture de douches : une douche représentait 2,38 kg de charbon et 96 litres d’eau plus le nettoyage, pour une douche à 2,20 F.
1936 : acquisition d’une maison de vacances pour filles à Carleport et en 1939, création d’une colonie pour garçons à Vaumoise (Oise) .
Pendant la guerre, accueil de réfugiés, création de services spéciaux, cantines scolaires, goûter des mères ....
Actuellement, les dirigeants essaient de respecter le plus fidèlement possible la pensées de l’Abbé Keller. Les services les plus modernes prennent place petit à petit au sein de la Cité.
(source : L’Abbé Keller, 1894 - 1986, Fondateur de la Cité du Souvenir, édition d’octobre 1992, 11 rue St-Yves - 75014 Paris)